évaluation du plan d’investissement dans les compétences : un constat d’échec

évaluation du plan d'investissement dans les compétences : un constat d'échec

évaluation du plan d’investissement dans les compétences : un constat d’échec

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Article mis à jour le 18 avril 2025.

Sommaire :

  • Contexte et objectifs du Plan d’investissement dans les compétences
  • Analyse des résultats obtenus
  • Conséquences sur le marché du travail
  • Réactions des acteurs concernés
  • Perspectives d’avenir et leçons à tirer

Contexte et objectifs du Plan d’investissement dans les compétences

Le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a été lancé en 2018 dans un contexte où la France faisait face à un grave besoin de développement des compétences au sein de sa population active. L’objectif principal de ce plan, doté d’un budget ambitieux de 15 milliards d’euros, était de remédier à un déficit de compétences qui pesait sur l’employabilité des individus et, par extension, sur l’économie nationale. La nécessité de former les travailleurs aux nouvelles exigences du marché du travail était d’autant plus pressante en raison des évolutions rapides des technologies et des subtilités croissantes des métiers.

Les actions du PIC se déclinaient en trois axes principaux :

  • Faciliter l’accès à la formation professionnelle pour les personnes éloignées de l’emploi,
  • Répondre aux besoins spécifiques en compétences des secteurs en tension,
  • Transformer en profondeur le système de formation professionnelle pour qu’il soit plus inclusif et adapté aux besoins du marché.

Les ambitions affichées étaient considérables. Le programme devait non seulement permettre aux publics les plus fragiles d’accéder à des formations qualifiantes, mais aussi s’assurer que les entreprises puissent s’approvisionner en talents qualifiés. Cependant, l’écart entre les attentes et la réalité s’est progressivement creusé, ouvrant la voie à un bilan bien plus nuancé qu’initialement escompté.

évaluation du plan d’investissement dans les compétences : un constat d’échec

Les fondements du plan

Le diagnostic à l’origine du PIC était clair : les actifs français affichaient des scores médiocres dans les enquêtes internationales sur les compétences. Le diagnostic d’un besoin urgent de montées en compétences apparaît donc légitime. Cependant, l’évaluation menée par le comité scientifique en avril 2025 a mis en lumière plusieurs insuffisances majeures dans la mise en œuvre des objectifs du PIC.

Une des premières critiques émises concerne la sélection des bénéficiaires. Les postulants n’étaient pas toujours ceux qui avaient le plus besoin de formations. De plus, le cadre administratif complexe pour accéder aux financements a souvent conduit à une faible utilisation des ressources disponibles. En cela, le PIC a raté son cheval de bataille : mobiliser efficacement ceux qui en avaient le plus besoin. Ainsi, des populations comme celles suivies par des structures comme l’AFPA ou Pôle Emploi ont vu les promesses du plan s’évanouir sans réel impact tangible.

Les enjeux de la mise en œuvre

Le PIC avait également un enjeu majeur : répondre à un marché en permanente évolution. Les entreprises, face à des besoins de compétences spécifiques, attendaient des formations ajustées à des secteurs de pointe. Cependant, l’adéquation entre les formations offertes et les véritables demandes du marché est souvent restée insatisfaisante. La complexité du cadre réglementaire et des financements à travers les OPCO (opérateurs de compétences) a rendu difficile la réorientation rapide vers des formations spécifiques.

La multiplicité des acteurs impliqués, comme les CFA des Métiers et l’Institut de la Gestion Publique et du Développement Économique, a parfois engendré des redondances et des incohérences dans l’offre de formation. Au final, l’ambition initiale de transformation du système de formation n’a pas réussi à s’imposer dans la réalité.

Analyse des résultats obtenus

L’évaluation des résultats du PIC a cependant été moins avantageuse que ce que les concepteurs du programme espéraient. Les précédents rapports de la Cour des comptes, suivis par ceux du conseil d’évaluation, ont livré des constatations alarmantes. Un nombre significatif de bénéficiaires n’a pas été en mesure d’accéder à la formation qualificative, notamment en raison des barrières existantes.

Les rapports soulignent également le manque d’indicateurs de performance clairs qui aurait permis de mesurer efficacement les impacts concrets des actions mises en place. La difficulté d’évaluation se traduit par :

  • Un faible taux de retour sur investissement en termes de formation réussie;
  • Un manque de données sur l’impact réel des nouvelles compétences acquises sur l’employabilité;
  • Une disparité dans l’accès à la formation selon les régions.

Le comité d’évaluation a mis en lumière que les nombreuses voix qui prônent des réformes plus efficaces pour la formation professionnelle devraient être prises en considération pour les futures initiatives. En l’absence d’une amélioration des structures en place, la crainte d’une répétition d’un scénario similaire devient palpable.

Critères d’évaluation Résultats observés Impact
Accès à la formation Taux faible chez les populations éloignées Retards dans la qualification des travailleurs
Réponses aux besoins sectoriels Décalage entre formation proposée et compétences recherchées Approvisionnement en talents sous-optimal
Adaptabilité du système de formation Complexité administrative excessive Utilisation limitée des ressources disponibles

Réactions des parties prenantes

Les retours des acteurs du secteur de la formation et de l’emploi ont été variés. D’une part, les critiques sur l’efficacité du plan sont nombreuses. Les professionnels de l’éducation et de la formation, tels que ceux de la Fédération des Entreprises de la Propreté ou même des conseillers de Pôle Emploi, ont souligné les dérives et les opaqueζ impacts du PIC sur l’évolution des compétences parmi les actifs. Les organisations professionnelles ont rapidement formulé des réserves concernant les priorités mises en avant dans le cadre du PIC.

D’autre part, certaines voix se plaisent à rappeler que malgré les insatisfactions, le PIC a réussi à créer un certain engouement autour de la question des compétences, incitant tant les entreprises que les individus à envisager plus sérieusement la formation comme un enjeu majeur pour l’avenir. Cependant, ce regard positif reste en grande partie bâti sur des résultats que l’on pourrait qualifier d’irréels face aux attentes initiales que l’on avait pour le plan.

Conséquences sur le marché du travail

Une analyse des échecs du PIC doit également observer ses conséquences sur le marché du travail. L’un des effets les plus directs constatés a été la persistance d’un chômage élevé, malgré les efforts déployés pour améliorer les compétences des travailleurs. Les statistiques montrent qu’un grand nombre de secteurs en crise n’ont pas été en mesure d’absorber les nouvelles compétences, laissant un grand nombre de salariés dans l’incertitude quant à leur employabilité.

Ce phénomène s’est traduit par une concentration des efforts sur certaines niches de marché, négligeant d’autres secteurs essentiels de l’économie. Les laboratoires d’innovation en formation, tel l’ONISEP, ont révélé que les métiers en tension, bien que ciblés, ne représentaient qu’une partie des besoins du marché. Ceci a eu pour conséquence un autre enjeu majeur : la mobilité professionnelle.

  • Les travailleurs peinent à se repositionner sur le marché,
  • Leurs nouvelles compétences ont parfois peu de valeur ajoutée sur d’autres secteurs,
  • Les entreprises se méfient des profils trop spécialisés, limitant ainsi les recrutements.

Dans le paysage professionnel en pleine mutation, il apparaît donc impératif de recentrer les efforts pour promouvoir la polyvalence et l’adaptabilité des travailleurs, tant sur le plan des compétences que sur celui de la mobilité géographique. Quelque chose qui n’a pas été suffisamment visé dans le cadre du PIC.

Conséquences observées Impacts sur le marché
Persistence d’un chômage élevé Disponibilité limitée des talents adaptés
Niche de marché surspécialisée Difficulté pour les travailleurs à se repositionner
Lente évolution des entreprises Blocage de l’innovation et du développement

Perspectives d’avenir et leçons à tirer

Au vu des constats réalisés depuis le lancement du Plan d’investissement dans les compétences, il devient primordial de tirer des leçons pour guider de futures initiatives visant à améliorer la formation professionnelle. Les expériences accumulées sur les échecs du PIC doivent être mises à profit pour poser les bases d’un système plus efficace et adapté aux besoins des travailleurs et des entreprises.

Il apparaît dès lors évident qu’une réévaluation des priorités est nécessaire. Les efforts doivent se concentrer sur l’identification des besoins réels du marché, en s’appuyant sur des données tangibles, communes et partagées entre les différents acteurs du secteur. La collaboration renforcerait la cohérence et l’efficacité des actions menées.

  • Établir des critères clairs pour le successeur du PIC,
  • Mettre l’accent sur la formation tout au long de la vie,
  • Favoriser l’interaction directe entre les entreprises et les organismes de formation.

Internationnaliser la perspective pourrait également permettre d’adopter des pratiques innovantes issues d’autres modèles, à l’instar de ce que fait la Groupe Adecco dans certains pays, faisant de la formation un vecteur de développement et d’intégration tout au long de la carrière professionnelle.

Répondre aux défis et limites observés lors du PIC doit devenir une priorité nationale afin de garantir l’avenir des compétences en France. Un nouvel élan, basé sur une compréhension partagée des besoins en formation, pourrait enfin établir les fondamentaux d’un système qui profite réellement à la totalité de la population active.

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Journaliste spécialisé dans la transition économique et l’entrepreneuriat, je m’attache à décrypter les évolutions industrielles et les initiatives innovantes qui façonnent notre avenir. Mon parcours m’a conduit à collaborer avec divers médias nationaux, où j’ai analysé les réformes majeures et leurs répercussions sur la société.