Soitec suspend son projet d’extension de l’usine de bernin : quel impact sur l’industrie des semi-conducteurs en isère ?

Soitec suspend son projet d’extension de l’usine de bernin : quel impact sur l’industrie des semi-conducteurs en isère ?

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Article mis à jour le 11 septembre 2024.

Le fabricant de semi-conducteurs Soitec a récemment suspendu un projet d’extension sur la zone d’activité économique (ZAE) à Bernin, en raison d’un courrier envoyé à la Commission nationale du débat public. Ce projet visait à étendre une usine et une zone d’activité économique de 11 hectares. Il avait pour objectif de permettre une extension des unités de production de l’entreprise, avec un investissement total envisagé de plus de 600 millions d’euros. Cependant, suite à un important ralentissement du marché des semi-conducteurs, la société a informé la CNDP de la suspension temporaire de ce projet. Cette décision intervient dans un contexte particulier marqué par des défis économiques et environnementaux en Isère.
La situation soulève des interrogations quant aux motivations derrière cette suspension soudaine, alors que le voisin STMicroelectronics fait également face à des oppositions concernant son propre projet d’extension. Cette mise en suspens pourrait être perçue comme une réponse pragmatique aux difficultés rencontrées par Soitec dans le contexte actuel, mais pose également des questions sur l’évolution future du secteur des semi-conducteurs et sur les impacts potentiels pour les collectivités locales impliquées dans ces projets industriels.

Qu’en est-il du projet à 600 millions ?

Le projet de Soitec à Bernin 4, d’une valeur de 600 millions d’euros, est en cours de réalisation. Il s’agit d’un investissement majeur pour l’industriel de la microélectronique dans le domaine du carbure de silicium (Smart Sic) utilisé par des constructeurs automobiles comme Tesla. Cette extension vise à développer les capacités de production sur un nouveau segment de marché et devrait créer 450 emplois. Les bâtiments sont déjà en construction et le projet avance conformément au calendrier prévu. En juin 2023, une nouvelle extension a été déposée, suite à la conclusion du Chips Act européen, témoignant des ambitions croissantes dans le secteur automobile.

Manque de communication en interne et externe

Un représentant de la CGT a confirmé que des précisions concernant une procédure ont été demandées à la direction, mais qu’aucune réponse claire n’a été donnée pour le moment sur le contenu ni le financement du projet. Cette position du groupe Soitec est jugée étonnante et aura forcément un impact négatif sur l’industrie, déjà pointée du doigt pour son impact environnemental et d’autres sujets controversés. Un exemple récent est le rassemblement “De l’eau, pas des puces” qui s’est tenu à Grenoble il y a deux semaines à l’appel du collectif d’opposants au projet StopMicro. Ce dernier revendique une victoire après avoir suspendu un projet industriel d’envergure pendant dix jours.

Le porte-parole de Soitec balaie les questions stratégiques en expliquant que l’étude d’une opportunité de croissance a été retardée suite à une révision des prévisions annuelles de la société en février dernier. Il précise également que la somme de 600 millions d’euros avancée dans leur dossier correspond en réalité à un seuil réglementaire nécessaire pour consulter la CNDP pour un projet d’extension, sans être liée à un projet précis.

Cette communication soulève des interrogations sur les intentions réelles de l’entreprise et suscite diverses réactions au sein de la filière industrielle.

Un marché difficile

L’entreprise Soitec, basée en Isère, fait face à des difficultés sur le marché des smartphones, qui représente la majeure partie de ses revenus. La société a dû réviser à la baisse ses attentes financières pour l’avenir proche en raison d’une hausse des stocks de produits RF-SOI. Cette situation a entraîné une chute des actions de l’entreprise au cours des six derniers mois. Malgré ces défis, Soitec prévoit un rebond de son chiffre d’affaires dans les prochains semestres grâce à la fin de la correction des stocks et à la croissance attendue dans d’autres segments.

De plus, Soitec a revu à la baisse ses projections financières pour les exercices futurs et reporté certains objectifs stratégiques. L’entreprise reste toutefois engagée dans un programme strict de contrôle des dépenses tout en continuant d’investir fortement en recherche et développement.

A quelques kilomètres de là, STMicroelectronics connaît également des revers avec un projet d’extension confronté à divers obstacles liés notamment aux fuites concernant son partenaire Global Foundries. La procédure actuelle rencontre l’opposition des associations environnementales et riveraines.

Soitec suspend son projet d’extension de l’usine de bernin : quel impact sur l’industrie des semi-conducteurs en isère ?

Journaliste économique et auteur, je m’attache à décrypter les grandes tendances économiques mondiales et à rendre accessibles des concepts complexes. Mon parcours m’a conduit à collaborer avec divers médias nationaux, où j’ai analysé les réformes majeures et leurs répercussions sur la société.